mardi 29 juin 2010

deux (h)auteurs en résidence d'écriture au Cameroun !



le Théâtre Le Guignol de Lyon (France) s'associe au Jeune Auteur (Cameroun) pour impulser une rencontre entre auteurs de Rhône-Alpes et du Cameroun dans le cadre d'une résidence d'écriture pour la marionnette à Kribi cet été.

Les deux défricheuses de terrain sont Stéphanie Lefort et Judith Lesur.

Au programme :
AU CAMEROUN
* la création d'un Observatoire Euro-Africain des Littératures Francophones et d'une Fête du Livre
* des ateliers, avec pour objectif la production de textes pour la marionnette
* des actions culturelles (lectures publiques et ateliers d'écriture)

A LYON
* lecture des textes (Librairie Terre des Livres...)
* mise en scène d'un texte de la Résidence par la cie des Zonzons
* carnet de voyage publié dans la Revue ON (éd. ONIVA) et dans Livre&Lire de l'ARALD

Des partenariats avec libraires, éditeurs, structures culturelles et financeurs sont en cours, pour valoriser cette première étape de promotion de l'écriture contemporaine francophone, qui développera d'autres rendez-vous entre auteurs africains et européens.

Le projet est soutenu par le Ministère de la Culture du Cameroun, le PASOC, la Région Rhône-Alpes

pour suivre la résidence "en direct", rendez-vous sur le blog

point de vue sur la mer / Judith Lesur & Frédéric Muller

dimanche 27 juin 2010

tranches d'aire

Pierre coupant des "h" dans du carton au couteau électrique
Laurence et Rosalina lisant l'avenir dans des tabliers roumains
Marie-Françoise agrafant un bouquet de fleurs artificielles sur un platane
Prune faisant des tartines
Stéphanie mangeant des fraises tagada
Leïla libérant les mots d'une cage
Étienne cherchant un laurier rose
Judith lisant un texte trop long
Les flyers dans le vent
Zéphir dans l'herbe

jeudi 24 juin 2010

les (h) prennent l'air(e)


Vendredi 25 et samedi 26 juin 2010
Parc du Vallon – Lyon La Duchère
2 jours de fête pour changer d’air(e) !
Le festival Duch’Air(e) donne rendez-vous à tous les Lyonnais les 25 et 26 juin dans le Parc du Vallon sur les hauteurs de Lyon. Une quarantaine d’artistes et d’associations investissent le parc, ses arbres, son château fort, sa vallée des castors et sa grande plaine pour des balades artistiques, interactives et numériques, des workshops citoyens, des concerts, du slam… Duch’air(e) c’est aussi la convivialité avec du cinéma en plein air et des animations pour les plus jeunes.
Un festival pluridisciplin’air(e) !
1 air(e) de Babel : un espace poétique pour un voyage avec les mots. Lecture de poésies en français, berbère et arabe, déambulation littéraire, atelier de calligraphie, contes, lectures.
1 air(e) art’borée : une galerie sous les arbres pour une dizaine d’installations plastiques réalisées au cours de résidences artistiques (certaines ont lieu en ce moment) sur le quartier et avec la complicité de Duchérois.
1 air(e) de Fête : musique, spectacles et performances, concert Slam/rail, batucada, spectacle pour enfants, danse…
1 air(e) Numérique : projection ciné en plein air, circuit nocturne entièrement dédié aux arts numériques, vidéo, Clips…
Les artistes du festival : Là Hors De, le collectif des (H)auteurs Juste Milieu, Rodolphe Montet,  Emilie Piat, Nuno Lopes Silva, Qimel, Cie Hallet Eghayan, Art Gens, Gertrude II, Tata Milouda, Le Fanal, Divadlo na peróne, Eric Massé / Céline Déridet, AADN, Scenocosme, Abi Abo, Salima Lekouara, Les Krapos,   The Womps,La résistance, Sweet fanafati, K-Frine des îles

Consultez le préprogramme du festival sur les sites :www.lahorsde.com et www.gpvlyonduchere.org

mercredi 23 juin 2010

Affaire Guillon : Sarkozy s'explique

De passage sur le blog des (H)auteurs,
notre président aurait déclaré :
Par mesure d'économie,
j'ai dû licencier la Vérité.
La vérité, c'est ce qui nous a
toujours coûté le plus cher à l'UMP,
et ça nous rapporte jamais rien.
Hortefeux et Woerth
voulaient que
je licencie plutôt la Justice,
je leur ai répondu
que c'était déjà fait.

samedi 12 juin 2010

Le cabaret poétique

FEU SUR LE QUARTIER POETIQUE !

Le dimanche 20 juin, soit 24 h avant le début officiel de l'été, liquidons "le printemps des poètes" au Périscope ! Pour cela, rien de tel... qu'une belle fiesta poétique !
Le dimanche 20 juin, à 17 h, s’inviteront sans plus de manière les poètes
Pauline Catherinot, Frédérick Houdaer, Prune Long-Chanay, Philippe Puigserver, Leïla Lovato, Cocteau Molotov et Martin Rodde. Moyenne d’âge : 35 ans. Et toutes leurs dents.
P.A.F : 2 € (inscription pour l'année au périscope)

Le Périscope, 13 rue Delandine 69002 Lyon (entre la gare de Perrache et les prisons vidées de leurs prisonniers !)


jeudi 10 juin 2010

Alexis Garandeau, marathonien invité - 1

        
photo Aurélie Haberey 

             Si vous aviez été, un vendredi de mai, à 17h56, sur le parking de Sakinata Company, vous auriez vu un homme, un peu ébouriffé, vêtu d’une veste et d’un jeans noirs, les manches de son pull beige foncé remontées sur celles de la veste noire, en train de se pencher sur la terre… pour renouer le lacet de sa chaussure droite.
            Vous pouvez douter de l’exactitude de ce fait, précis mais néanmoins anodin, et loin d’être remarquable, parce que vous pensez que je suis le seul à le relater.
            « L’écrivain, dites-vous, a droit à toutes les fantaisies. Il suffit de le savoir pour se rappeler qu’il conduit son imagination à produire un résultat qu’il soumet à notre jugement.
_ Non, vous répondrai-je. Non. Car il y a une photographie. Cet instant très précis et cependant anodin a été aussi remarqué par quelqu’un qui en atteste l’existence passée : un photographe.
            Peut-être n’auriez-vous pas remarqué ce moment si vous aviez été, ce vendredi-là, à cette heure-là, en ce lieu-là ; mais si vous aviez observé cet homme, à cet instant-là, et sa façon de relever la tête vers le ciel après avoir relacé sa chaussure – ce que le photographe n’a pas su capter, vous auriez compris que tout s’était joué à ce moment précis.
            Vous avez le droit de me penser comme un simple bonimenteur, mais je trouverais ça exagéré, surtout si vous continuez à lire cette histoire, que je raconte par la fin :
Etienne Seux s’était penché vers la terre, avait renoué son lacet, avait relevé la tête vers le ciel et tout s’était joué dans ce mouvement.

            Etienne Seux avait passé une partie de la nuit à danser au Shanghaï. Il avait croisé quelques amis et s’était bien amusé, et n’était pas rentré trop tard, mais ce n’était de toutes façons pas grave, car il ne travaillait qu’à dix heures le vendredi. C’était quelque chose qu’il avait dealé avec Stéphanie, la dir com : il travaillait alors jusqu’à 19 heures. Cela arrangeait aussi Stéphanie pour boucler la publication du week-end qui partait à l’imprimerie à 20 heures. Etienne pouvait donc sortir le jeudi soir, ou faire des choses pour la colocation le vendredi matin.
            Etienne Seux s’était donc couché, ravi de sa soirée, et assuré de pouvoir dormir un peu le lendemain matin.
            Mais au réveil, Etienne Seux se sentait de très mauvaise composition. Il se sentait fatigué et mélancolique. Pendant la nuit, de gros nuages gris et ronds s’étaient amoncelés dans sa cervelle. Avant même d’ouvrir les yeux, il se sentit le regard noir et désespéré. Il se regarda dans la glace et put vérifier qu’il valait mieux éviter de le faire quand on était désespéré.
Il jeta un œil par la fenêtre pour voir le temps qu’il faisait : sombre et gris, il pleuvait à verse. Etienne se dit que c’était un temps de merde, et qu’il était aussi simple d’ouvrir la fenêtre, de prendre appui sur la balustrade, de mettre un pied sur le rebord et de se laisser tomber dans le vide.
            Une compagnie de pigeons traversa le ciel dans une grande courbe et une feuille d’érable s’accrocha un instant au linge étendu en face. En bas, dans la rue, quelqu’un marchait sous un parapluie jaune et disparut.
Etienne prépara du café, fit sa toilette, remplit un bol de céréales et y versa du lait. Tout lui était pénible, vain et douloureux.
Il prit son petit-déjeuner en silence, sans la radio qu’il mettait d’habitude, doucement parce que ses colocataires, Lofti et Eva, dormaient encore.
Il n’arriva pas à finir son bol de céréales, et cela lui fit monter les larmes aux yeux. Il se resservit du café et alluma une cigarette d’une main mal assurée. Il se rappela qu’il devait acheter une courroie pour remplacer celle de la machine à laver, et cela le clama un peu. Après avoir terminé sa cigarette, il s’habilla pour sortir.
Il finit par trouver le magasin, tout en pestant parce qu’il n’avait noté l’adresse nulle part. Une fois devant le vendeur, il s’aperçut qu’il n’avait pas emporté le modèle de la courroie, ni noté la référence. Il se trouvait ridicule d’être sorti sans avoir vérifié qu’il avait tout emporté.
Si ce n’était pas déjà le cas, Etienne Seux commença à se détester.

mercredi 9 juin 2010

D'après contrainte...

La photo visible ci-dessous m'a amenée à écrire un petit ensemble de textes : "Personnes avec couvre-chef, 4 portraits".


Voici celui qui est le plus directement inspiré par l'image tirée au sort. Les autres présentent également des personnes ou groupe à la marge. Je m'adresse à chacun d'entre eux pour leur signifier qu'ils n'ont pas de place "ici", et qu'ils doivent partir. Pour aller où.



Puis il y a l’homme qui en est arrivé là.

Quoi là ?


A cet état cette confusion de tissus en surplus de la peau.

Quelle peau ?

Je ne sais pas j’imagine une peau en-dessous du cumul de vêtements forcément une peau on n’a jamais vu ça autrement. Cela me fait penser à son exclusion.

Appeler un chat un chat

Une poule surplombe son crâne. Rien de tricoté rien de fait main par maman mais un gallinacé.

Un hasard.

Un hasard bienvenu un point sur le i qui le repousse définitivement hors de.

Et après ?


Après plus grand-chose. Ce qu’il joue ce qu’il croit dur comme fer.


Allons, tu te rends compte il faut laisser cette basse-cour désertée par la volaille.

Autour rien ne correspond à ton rang.

Car tu es comte peut-être, ou duc, mais de quel pays au fait.

Dis de quel carré de terre tu es le prince. Ici tu es ce que l’on appelle « un pauvre hère ». Bien sûr tu es pauvre et ça seulement.

Mes concitoyens ne savent plus s’ils doivent pleurer ou alerter la garde quand ils t’aperçoivent.


Allons, il faut te faire adopter ailleurs. Quitte à chercher longtemps et à t’arrêter bras ballants au centre de la foire, sans trouver de giron.


Car ici aucune demeure ne t’est donnée.

Les miroirs sont répulsifs, et les maisons fermées.

mardi 8 juin 2010

la contrainte de Leïla Lovato

On ne voit pas la main qui... montage photo de Frédéric Muller

RV Pyramide

Scène du début

Quand j'ai voulu décompter mes flacons de sang, pour comparer avec les résultats de Françoise, on s'est vite rendu compte qu'il y avait maldonne. Elle pour la philosophie, la quête du sens. Moi pour l'hématologie, la quête du sang.
- Et tout ce sang, que vous récoltez bénévolement, qu'est ce que vous en faite ? me demanda Françoise.
- On le remet à des laboratoires, qui se chargent de le conditionner et de le transformer.
- Et ensuite, ces laboratoires, qu'est-ce qu'ils en font ?
- Ils le vendent aux hôpitaux.
- Ils le vendent cher ?
Sa dernière question me rendait trop perplexe pour que je puisse y répondre de suite. Il y eut un silence. Alors Françoise m'a récité quelques vers de Saint-John Perse, le poète.

"Et à celui qui chevauchait en Ouest,
une invincible main renverse le col
de sa monture, et lui remet la tête
en Est."

J'ai fait un tour complet d'horizon, en sang s'inverse des aiguilles d'une montre. Est, Nord, Ouest, Sud. Il était trop tard pour que je rejoigne le véritable congrès des donneurs de sang au 69 boulevard Richard Lenoir. Avec Françoise, on a décidé de rester là. C'était le début d'une histoire. Je lui ai fait visiter ma chambre. Elle m'a fait visiter la sienne. On a échangé notre sang. On a mélangé nos sens. Après on a quitté l'hôtel et on s'est aimé pour la vie. Amour éternel. L'amour éternel, c'est vrai que ça fait long. Heureusement, comme nous l'enseigne la philosophie, la vie est plutôt courte.


(chapitre 10.......fin)

RV Pyramide

La scène où tout bascule

J'ai téléphoné à l'hôtel Pyramide, à Paris, où devait se tenir la rencontre annuelle de toutes les Amicales. Et ma vie a basculé quand j'ai dit : « Je veux réserver une chambre pour le congrès national des donneurs de sang. » On m'a répondu : « Pas de problème, nous en avons déjà qui vont résider ici, et nous donnons même une petite soirée privée pour les accueillir. Voulez-vous que je vous inscrive ? » J'ai dit que oui, avec plaisir. Mais la réceptionniste avait compris de travers. Le même jour se tenait un colloque de philosophie, avec le groupe international de donneurs de sens, qui n'a rien à voir. Je suis arrivé à l'hôtel avec ma petite valise, et dans mon cartable les statistiques établies sur notre registre des dons. J'ai suivi les flèches « réception congressistes » et je suis tombé sur Françoise. J'étais en avance, elle aussi, il y avait encore que nous deux. On a commencé à parler ensemble.


(chapitre 9. à suivre)

dimanche 6 juin 2010

Jesus is always on my mind



photo de Delphine Simon
la contrainte : une bigote

vendredi 4 juin 2010

prélude au marathon

Saint Julien aide-moi donne moi du "molin", molin à parole, à vent, molette à coudre, molette à pince! Saint! Saint-Ju!, Saint Juste, Saint Julien! Monsieur Molin, Madame Molette… Aidez-moi! Je dois écrire, alimenter la machine à décrire, m'arracher les cheveux dessus. Il est "minuit passé minuit", c'est l'heure de l'horreur. Bandelettes de papier, banderilles de consignes. Oh! Les Saints, vous dormez? Laissez, laissez…
Et toi le scribe de contrainte, contraignant "contraigneur",
tu t'en fous! Tu dors toi aussi! Laisse! Je vais me brouiller seul, m'embrouiller sûrement. Laisse. J'ai une contrainte. J'organise mentalement un rendez-vous avec elle. Laisse-moi me débrouiller seul, laisse. Laisse de corde. Corde laide. Seul le chien tire sur sa laisse à toujours aller, aller voir, sentir
le plus loin.
Il veut toujours avancer. Le bout du pré, le bout du chemin, le coin de la rue... Il ne sait pourquoi, mais il veut cela, toujours plus. Moi, je sais ce qui est là bas, sans y avoir mis un pied, je peux l'imaginer, l'inventer même. Donc y aller, ne serait que simple vérification. Á quoi bon? Si je tire sur la corde c'est pour la briser. Je me détache et débarque. J'ai une rencontre avec ma contrainte. Prendre la contre-allée. En avance, elle est là. Elle a déjà commencé.

mercredi 2 juin 2010

Petit prince aux pieds coupés mais que vois-tu, maton, sous le ciel ?


Que dessinent les princes, les maîtres d'étoiles, les souverains trafiquants et les ordures d'amour, le matin au couché. Que matent-ils ainsi, les amis, les matons, avec leurs longues vies.
Je me couchais de fort bonne heure le matin, les moignons torchés dans leurs linges. La nuit se binait en lambeaux sur ma lentille, je n'avais pas d'envie particulière à ce moment-là. Même dormir, enfin. L'écharpe de maman me tripotait l'échine ce matin. Me triturait le menton c'est de la laine et mon pyjama me gravait des runes insanes.
Ce matin. La guigne ce ciel. Que lire là-haut qu'un trait qu'une lampée ne saperait pas. Auprès de ma grosse putain d'ourse pas banale je vais dormir je vais mettre l'oreille sur son sac à la grosse et ronfler des airs de torero, tiens ça m'fait penser à Sébastien Castella, sexe au clair sous le brushing, sa voix de fausset, Juan Aparicio, lèvres offertes à la puissance du fauve, qui plonge en lui. Les étoiles servent encore, ben ouais dans ma nuit nuit bien sombrette, avec des taches de nuages, et mes jolis rêves de sodomie s'envolent, par la rondelle métallique, étroite, jusque la lune translucide, s'éparpillent à tous les vents, je vais te faire la peau mignon, te la transpercer, ouvrir les lèvres de ton ventre, trouver l'estomac, défoncer la vésicule, le pancréas croquer dedans. Ah ah ah ! La grosse Ourse à poils, pelage froid, pelage droit putain ça y est, ça y est elle se gratte le bidon – et je n'ai pas besoin de te parler de sa vulve gelée, sa vulve brochée bouchée magasin de plaisir des yeux et magasin d'enfants morts à la montagne. Longues chevauchées vers la montagne, détour par les gouttes ivoirines le chemin des tissages et puis, au bout, les baisers drus chuchotés. Le petit poney en plus, non mais regarde le poney l'âne la chienne Pégase la chienne de ponette avec ses ailes de pigeon à la con. Oui c'est ce que j'ai dit c'est parce que je ne peux rire ahahahahaha sans saigner les cochons qui s'emmêlent et bêlent sur les sommets de l'Himalaya, l'Himalaya parce que c'est haut. Petit prince aux yeux pétillants d'orge brun, son régime de bananes sur les oreilles. L'a pris une grue pour monter en haut de sa montagne ? avec ses chevaux ? Putain sur ses grands chevaux putain. Et maintenant j'arrête. Je n'en peux plus de m'entendre. On ne s'entend plus je veux dire. Parler. Oh mon prince mon joli prince aux pieds coupés.